textes contradictoires de camarades 2 (par Mehdi, Silvi, Valérie, Vincent, William V.)

lundi 8 février 2010
par Aurore

DES MILITANTES VOILÉES AU NPA : UNE BONNE NOUVELLE !

Le fait qu’une fille voilée demande aujourd’hui à militer au NPA devrait être reçu comme une bonne nouvelle. (1)

Espérons qu’elle en annoncera d’autres.

Nous souhaitons organiser les victimes du racisme, du sexisme et de l’exploitation dans un parti qui soit un outil pour révolutionner la société.

De ce point de vue, toute personne qui veut militer avec nous pour faire avancer ce projet devrait être accueillie à bras ouverts.

En France il y a des musulman-e-s, ils/elles ont toute leur place au NPA. Mais cette demande soulève des questions qui relèvent peu ou prou de la suivante : accepter des filles voilées, n’est-ce pas renier / affaiblir un certain nombre d’engagements politiques du NPA ?

Face à ces questions, une solution présentée comme un "compromis" serait celle d’un entretien formel - d’une autre nature que les discussions lors des diff, permanences ou autres qui ont lieu avec les "nouveaux" militants - avec Nadia, de manière à "éclaircir certains points". Nous somme résolument opposés à cette idée et nous pensons que ce serait un précédent fâcheux. Nadia doit pouvoir rejoindre son comité et militer avec nous dès maintenant avec le même statut que tout autre militant NPA.

Ça n’est pas une question de pure forme : la manière avec laquelle Nadia pourra rejoindre le NPA interroge le fond du projet politique du NPA.

Nous ne demandons pas à ceux qui rejoignent le NPA d’être athées.

Est membre du parti celui ou celle qui partage l’essentiel des principes fondateurs et adhère à un comité, c’est-à-dire qui prend sa carte, participe aux activités et aux réunions du parti dans la mesure de ses disponibilités, et verse une cotisation. (2).

Exiger un accord sur la totalité du programme serait en contradiction à la fois avec la volonté de construire un parti de masse (recrutement large, hétérogénéité dans la profondeur et la nature de la critique du capitalisme, premier engagement politique pour certains, approfondissement d’engagement associatifs pour d’autres, etc.) et avec la manière dont se fait généralement la politisation : mélange d’activisme sur une question précise (Palestine, logement, sexisme, racisme, homophobie, etc.) et d’articulation avec une critique vague mais plus globale du système lui-même.

On ne peut vouloir construire un parti de masse, ouvrir les portes du parti en grand et les refermer quand la tête de ceux-celles qui nous rejoignent ne nous revient pas.

Il n’y a donc pas de "test à l’entrée" pour déterminer cet accord avec "l’essentiel des principes fondateurs".

L’accord porte sur la démarche et le projet.

L’important en la matière est le fait, pour les militants du NPA, d’afficher publiquement leur appartenance à un parti clairement engagé dans le combat contre la guerre, l’exploitation et toutes les oppressions.

Nadia a fait la fin de la campagne européenne avec nous, distribué et rédigé des tracts, collé des affiches, porté un autocollant du NPA lors des initiatives unitaires auxquelles son collectif Palestine participe et a déjà eu des ennuis pour cet engagement politique à nos côtés. (3)

Ensuite, il s’agit de convaincre les militants du NPA de l’ensemble du programme sur la base des questions que soulève le militantisme quotidien et de formation, topo, etc. dans le but que l’ensemble des militants s’approprie le programme du NPA et les arguments permettant de le défendre autour d’eux.

L’adhésion au NPA ne doit pas être la fin d’un parcours mais le début / la continuation d’un processus de formation politique.

Nadia échapperait à cette dialectique de la conviction et il serait question de lui demander d’éclaircir ses positions sur l’avortement, sur l’homosexualité et autres avant d’envisager son intégration au NPA.

Il est tout d’abord étrange que Nadia ait à se justifier sur des questions qui ont été particulièrement absentes de notre campagne aux européennes.

On peut ensuite s’étonner de ces précautions qui ne sont prises envers personne d’autre. Comme si être musulman signifiait être suspect d’avoir des positions réactionnaires.

Plus généralement nous serions probablement surpris des positions de militants sur la régularisation de tous les sans-papiers, sur la participation à la gay-pride, sur la liberté d’installation et de circulation, sur l’impérialisme français, sur la décroissance, etc.

Mais s’il devait avoir lieu, les problèmes que poseraient inévitablement la définition des modalités concrètes d’organisation de cet entretien, montrent l’inanité de vouloir quantifier "l’essentiel des principes fondateurs".

Ne sous-estimons pas, d’abord, le côté humiliant de cet entretien : les musulman-e-s doivent donner des gages de "bonne volonté" d’intégration en vue d’accéder à une citoyenneté que l’État leur refuse de toute façon, ils / elles devraient justifier leur volonté d’engagement politique au NPA.

Ensuite, que va-t-on demander à Nadia ?

Sa position sur l’avortement ? Sur les LGBTI ? Sur la Palestine ?

Quelle est la hiérarchie de nos engagements ? La défense des peuples opprimés pèse-t-elle plus que l’écologie ? L’antisexisme plus que l’antiracisme ? La lutte pour les droits des LGBTI plus que l’interdiction des licenciements ?

Combien de réponses satisfaisantes valideraient une intégration ? Devra-t-elle avoir 8, 12 ou 15 /20 ?

S’il s’agit juste de connaître ses positions sur un certains nombre de sujets, à quoi sert un entretien quand nous pourrons connaître tous ça en militant avec elle ?

S’il s’agit de déterminer si elle peut rejoindre le NPA ou pas, quel critère va être utilisé ?

Rentrer dans cette logique c’est accepter qu’il y ait des réponses qui ont plus de valeur que d’autres.

Enfin cet "entretien d’embauche" met en place une logique du "cas par cas", que nous refusons. Entre deux musulmanes voilées qui veulent nous rejoindre, quel critère sera utilisé, au cas où, pour justifier d’accepter l’une et refuser l’autre ??!!

Nous sommes bien conscients que ces arguments ne suffirons pas convaincre les camarades réticents.

Pour éclairer notre position et approfondir certains éléments sous-jacents au débat, nous proposons une contribution en forme de questions / réponses, dont la lecture peut se faire dans le désordre.

PLAN
1. Accepter les filles voilées au NPA, n’est-ce pas céder face à la progression de courants musulmans fondamentalistes ?
2. Accepter les filles voilées au NPA, n’est-ce pas abandonner/affaiblir la lutte des filles qui se battent pour ne pas pas le porter ?
3. Accepter les filles voilées au NPA, n’est-ce pas cautionner l’idéologie religieuse, par nature réactionnaire ?
4. Accepter les filles voilées au NPA, n’est-ce pas affaiblir notre combat contre l’oppression sexiste ?
5. Accepter les filles voilées au NPA n’est-ce pas, plus spécifiquement, affaiblir notre lutte pour le droit à l’avortement ?
6. Accepter les filles voilées au NPA, ne va-t-il pas affaiblir notre lutte contre la LGBTI phobie ?
7. Accepter les filles voilées au NPA, n’est-ce pas favoriser notre implantation dans les quartiers ?
8. Cela vaut-il la peine de s’écharper pour "quelques fichus" ?

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1. Accepter les filles voilées au NPA, n’est-ce pas céder face à la progression de courants musulmans fondamentalistes ?

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"Un spectre hante l’Occident, le spectre de l’islam", pourrait résumer cette thèse de la « menace islamique" (4).

Il y aurait une action concertée de groupes musulmans fondamentalistes afin d’imposer la charia partout où c’est possible, et, là où ça ne l’est pas, d’obtenir des lois dérogatoires pour les musulmans. Le barbu intégriste enturbanné qui impose le foulard à sa femme et ses filles a détrôné le bolchevik au couteau entre les dents, ou la menace des chars soviétiques.

L’augmentation du nombre de filles portant le foulard en France serait le signe visible de la progression, en France, d’une culture musulmane, "étrangère".

Cette construction (5) d’une "menace islamiste", qui alimente / véhicule une peur de l’islam, est, en France, la synthèse d’une série d’éléments :

- La théorie du "complot islamiste international".

Des mouvements de résistance islamiques de masse se sont développés au Moyen-Orient (Hamas et Hesbollah par exemple). Ces mouvements suscitent la crainte des dirigeants des pays impérialistes, car ils voient là un obstacle à leur volonté de domination sur la région. Cette théorie, où la "menace islamique" n’est jamais vraiment circonscrite, permet de tirer un trait d’égalité entre Al-Qaida, les mouvements islamistes s’inscrivant dans une perspective légale, des mouvements de résistance armée à l’occupation et, au finale, tous les musulmans (6).

Depuis le 11 septembre 2001 l’équation est devenue "Islam = intégristes = terroristes". Pourtant on peut plus facilement faire l’hypothèse que si les plus grandes réserves pétrolières étaient situées sous des populations à majorité mormone, nous serions menacés par un "complot mormon international"...

- Une médiatisation sélective des campagnes féministes (7).

L’instrumentalisation des légitimes campagnes de solidarité menées envers les femmes de pays à majorité musulmane a permis de donner l’impression que l’oppression des femmes dans les pays non-occidentaux est liée uniquement à l’Islam. Ces comparaisons internationales biaisées ont permis d’assimiler la condition des filles voilées en Iran, au Maroc, en Algérie et en France.

Le foulard des Françaises serait taché du sang des femmes lapidées au Niger, la lutte contre le port du foulard en France serait de même nature que la lutte contre son port en Iran ou en Afghanistan, etc.

Ce n’est pas tant ce qui a été dit que ce qui n’a pas été dit, ou assez dit, qui a biaisé le tableau en défaveur des pays musulmans. Par exemple, en dépit de la documentation importante existant sur le sujet, l’excision, qui se pratique dans des régions d’Afrique chrétiennes, animistes et musulmanes, mais qui est inconnue de la majorité des pays musulmans (Maghreb, Moyen-Orient, Arabie, Yémen, Indonésie, Malaisie), est encore couramment attribuée à l’islam. L’assassinat de leur femme par le feu, perpétré par le mari ou ses parents en Asie du Sud, est le plus souvent associé aux 100 millions de musulmans du Pakistan qu’au milliard d’hindous de l’Inde.

Pourtant il existe de nombreux autres symboles de l’oppression des femmes - certes plus associés à la féminité occidentale : talons hauts, maquillage, minijupe (8), string, etc. - que le mouvement féministe des années 70 dénonçait dans les mêmes termes que le foulard aujourd’hui. Mais ils ne sont pas considérés de la même manière.

Même le dénudement des femmes attaché à la pseudo "libération sexuelle" occidentale et masculine et à la marchandisation du corps des femmes, n’est pas vu comme aussi signifiant. (9).

Il a donc fallu un travail de construction médiatique important pour que le foulard devienne LE symbole de l’oppression des femmes, au risque de masquer le sexisme en général de la société.

- Le passé colonial français, justifié par un racisme "culturel" anti-musulman.

Ce racisme culturaliste se fonde sur la mise en place d’un statut d’exception du colonisé du fait de son appartenance à un droit "étranger" au droit français, le droit musulman, jugé intrinsèquement" contraire à la morale" (10).

Les musulmans sont alors supposés "inassimilables". Ce sont des nationaux mais pas des citoyens français. Dans ce cadre, la lutte contre le port du voile devient le symbole de la mission civilisatrice de la République, et c’est à une véritable "bataille du voile" que se livre la France en Algérie (11).

Le foulard est le symbole, tout à la fois, de l’archaïsme des indigènes et de la résistance à la colonisation. Le "dévoilement" des musulmanes est donc un enjeu stratégique pour gagner l’adhésion au projet colonialiste.

Le 16 mai 1958, à Alger, à l’initiative du gouvernement français et des tenants de l’Algérie française, des musulmanes montent sur un podium, afin de brûler leur voile en signe à la fois d’émancipation et d’allégeance à la France et à sa République.

Cette construction idéologique laisse des traces, et a inscrit le racisme anti-arabe puis anti-musulman dans le génome de la République (12).

Depuis le 11 septembre, le musulman, nouvel ennemi intérieur, a facilement pu remplacer l’Arabe de la période coloniale. "Ce qui est en jeu, (...) [est] la vision globale du colonisé qui s’est forgée en un siècle à travers les manuels scolaires, la littérature, la chanson, la peinture, le cinéma. Il faudra du temps et de l’énergie pour déconstruire cette image, notamment celle de l’Arabe et du musulman, même lorsque celui-ci est installé sur le territoire de la République et possède la nationalité française." (13).

- Une "ethnicisation" de la question sociale.

"Ce processus de production d’un bouc émissaire n’a rien de nouveau, et il n’est pas non plus le résultat d’un plan concerté : il découle plutôt d’un fonctionnement systémique désignant des populations spécifiques, du fait à la fois des imaginaires hérités de l’histoire et de la place fragilisée de ces populations dans le société." La place dominée à laquelle sont assignés les descendants des ex-colonisés "paraît naturelle et non scandaleuse du fait des représentations "coloniales" qui imprègnent l’imaginaire collectif. (...) Nous sommes ainsi en présence d’une frontière (entre un ’nous’ et un ’eux’) à la fois héritée du rapport colonial et produite / reproduite par les inégalités réelles. Cette frontière sert de grille de lecture des difficultés rencontrées à la fois par le groupe majoritaire et par le groupe minoritaire" (14).

Cette ethnicisation permet de justifier le refus de l’État, depuis 20 ans, d’accéder aux revendications légitimes des musulmans à pouvoir pratiquer leur religion "tranquillement". Ce refus alimentant une réponse clientéliste à ces revendications.

Au finale, ces différents éléments ont contribué au développement d’une islamophobie venue prendre le relais du racisme anti-arabe disqualifié dans le débat public par le discours du Front National (15).

Sa traduction commune est l’incompatibilité intrinsèque de l’islam avec les valeurs de la démocratie occidentale (théorie huntingtonienne du choc des civilisations). Cette incompatibilité serait à l’origine de la non-intégration des descendants d’ex-colonisés en France.

Une fois déconstruite la soit-disante "menace islamiste", comment expliquer, si elle était avérée, l’augmentation du nombre de filles voilées ?

Les chiffres sur la question sont rares, ceux disponibles, recensement fait par Hanifa Chérifi, alors médiatrice de la République, portent sur l’école et montrent une diminution des conflits liés au foulard dans les établissements entre 1989 et 2003 (16).

On peut invoquer trois arguments relativement simples pour expliquer une éventuelle augmentation.

- Un effet de génération : les filles nées dans les années 70-80 qui arrivent à un âge où l’on s’implique dans l’espace public et qui portent le foulard deviennent plus "visibles".

- Le renouveau de mouvements musulmans piétistes (17) prêchant une hygiène de vie individuelle rigoriste. Une provocation renvoyant à la société son racisme et son refus de reconnaissance

- L’idée qu’une augmentation du port du foulard en France, si elle était démontrée, serait le fait de "barbus" fondamentalistes tient du délire de villieriste (18) et non pas de la réalité sociologique de l’islam en France.

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2. Accepter les filles voilées au NPA, n’est-ce pas abandonner/affaiblir la lutte des filles qui se battent pour ne pas pas le porter ?

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La réponse attendue est sûrement que si nous acceptons les filles voilées nous renvoyons, à celles qui luttent contre l’imposition du foulard, le message que nous ne sommes pas prêts à les défendre.

En fait poser cette question repose sur un sous-entendu surprenant (en plus du fait qu’elle laisse penser que l’imposition du foulard est, en France la situation majoritaire) : considérer que les filles voilées et non-voilées forment deux mondes séparés qui se regardent en chien-nes de faïence, pire même, qui se regardent avec hostilité. Avec hostilité car les filles non voilées verraient dans les filles voilées des complices de ceux qui veulent leur imposer le foulard contre leur gré.

Donc deux cas se présentent en ce qui concerne les filles voilées.

- Le foulard est imposé, et les filles qui le portent sont opprimées. On imagine que dans ce cas elles auraient, à la rigueur, leur place au NPA.

- Le foulard est un choix personnel, et alors les filles qui le portent le font en connaissance de cause, ce sont des opprimés qui le veulent bien, et elles sont complices de l’oppression de celles qui refusent de le porter, voire des "oppresseuses" (19). Évidemment dans ce cas elles ne pourraient avoir leur place au NPA.

Cette représentation de la réalité est très surprenante.

Qui oseraient dire que les filles qui portent des string, se maquillent, portent des talons hauts ou des minijupes - signes dénoncés par les féministes dans les années 70 dans les mêmes termes que le foulard aujourd’hui – sont les complices du sexisme qui règne dans la société ?

Et qui oserait en conclure que ce sont elles qu’il faut combattre ?

Que dirait-on à une femme battue qui voudrait militer au NPA en disant "je ne peux pas faire autre chose que de rester avec lui" ? Qu’elle est complice de son oppression et n’a donc pas sa place ? Que l’accepter reviendrait à affaiblir notre combat contre les violences faites aux femmes ?

Pourtant, le débat sur le foulard islamique donne parfois l’impression que nous nous permettons ces conclusions avec les musulman-es.

La réalité est plus complexe : les filles voilées fréquentent des filles non-voilées, et celles qui portent le voile défendent le droit de leur sœurs à ne pas le porter. Aucune ne tient l’autre responsable du sexisme dont elle sont l’objet (20).

On pourrait inverser la question : accepter les filles voilées au NPA n’est-ce pas lutter contre le racisme qu’elles subissent ?

De plus, nous montrerons que nous sommes un parti qui lutte pour le droit des croyants de pratiquer leur religion comme ils / elles l’entendent. Un parti qui est aux côtés des filles qui refusent de porter le foulard quand il leur est imposé, ET aux côtés des filles qui souhaitent le porter quand interdiction leur est faite de le faire.

Celle d’un parti qui encourage et soutient toutes les initiatives qui protègent ou rétablissent les hommes et les femmes dans leurs droits, quelles que soient leurs origines et leurs religions.

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3. Accepter les filles voilées au NPA, n’est-ce pas cautionner l’idéologie religieuse, par nature réactionnaire ?

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Il est possible d’apporter de nombreux arguments au moulin de la nature réactionnaire de la religion.

Le problème c’est que cette vision est partielle et ne permet pas d’expliquer pourquoi la religion a aussi inspiré la révolte des opprimés. "[L]e christianisme était à l’origine le mouvement des opprimés, il apparaissait tout d’abord comme religion des esclaves et des affranchis, des pauvres et des hommes privés de droits, des peuples subjugués ou dispersés par Rome". (21)

Nul doute que nous aurions été du côté de Jésus contre l’occupant romain. La seule manière d’aborder correctement l’influence de la religion est de revenir au contexte historique et social dans lequel les idées religieuses sont utilisées.

L’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de luttes de classes. (22).

Ainsi, bien plus que ce que disent les textes, c’est ce que font les croyants qui doit attirer notre attention. Avec l’objectif de décrypter les forces sociales qui ont la religion pour bannière.

Au fond les doctrines religieuses sont l’expression déformée de besoins et d’intérêts sociaux bien réels. Et si nous polémiquons contre l’influence des idées religieuses, ce n’est au regard de ce qui a été fait en son nom ou bien de ce que disent les textes eux-mêmes, c’est à l’aulne de l’objectif que nous poursuivons : l’auto-organisation des travailleurs-ses en vu de révolutionner la société.

L’organisation sur une base confessionnelle n’est pas en mesure de remplir cet objectif. Mais il existe, en France, une oppression des musulman-e-s en tant que tel-le-s. La bannière religieuse ne doit pas nous masquer la banderole de la revendication pour la justice sociale. C’est cette révolte que nous voulons organiser.

Combattre la religion en tant que telle est un obstacle à cette organisation.

Qui fait le plus avancer la lutte de classe pour notre camp : une militante voilée du NPA ou bien un bureaucrate syndical athée ?

Cette approche matérialiste est la seule à même de rendre compte du caractère ambigu de ce qu’est la religion pour les individus :

La misère religieuse est, d’une part, l’expression de la misère réelle, et, d’autre part, la protestation contre la misère réelle. La religion est le soupir de la créature accablée par le malheur, l’âme d’un monde sans cœur, de même qu’elle est l’esprit d’une époque sans esprit. C’est l’opium du peuple. Le véritable bonheur du peuple exige que la religion soit supprimée en tant que bonheur illusoire du peuple. Exiger qu’il soit renoncé aux illusions concernant notre propre situation, c’est exiger qu’il soit renoncé a une situation qui a besoin d’illusions. La critique de la religion est donc, en germe, la critique de cette vallée de larmes, dont la religion est l’auréole. (23)

La religion est ainsi un moyen trouvé par l’homme pour donner du sens à un monde qui n’en a pas. Un monde où nous vivons aliéné devient plus compréhensible s’il est vu comme le fruit d’une création d’un être supra-humain dont la forme et les motivations nous échappent.

Nous trouvons ridicule ceux qui accusent les écrits de Marx ou Lénine d’avoir produit le stalinisme, on ne peut décemment rendre responsable la genèse ou Jésus de la Saint-Barthélémy ou de l’Inquisition.

Comment expliquer le succès des religions (prenons le simple exemple du christianisme) si les textes ne permettaient pas une extrême souplesse d’interprétation ?

La religion peut donc être un élément moteur de l’engagement politique.

Parmi ces "porteurs de valises" qui avaient décidé de soutenir le mouvement anticolonialiste, je côtoyais de nombreux militants chrétiens, des prêtres et des pasteurs. Au même moment, des responsables de droite ou de gauche, parfois athées (24), choisissaient, eux, le camp de l’Algérie française, certains pour défendre le "progrès" et mener la nécessaire lutte contre "l’obscurantisme" musulman. Les "porteurs de valises" chrétiens s’étaient engagés dans ce combat, non pas malgré leur foi, mais au nom de celle-ci. Ils se réclamaient de valeurs dans lesquelles pouvait se reconnaître le mécréant que j’étais. (...) Évidemment convaincu que la foi s’évanouirait un jour devant les lumières de la Raison, je découvrais néanmoins qu’elle ne constituait pas un obstacle à des engagements communs. (25).

Les exemples sont nombreux où croyance religieuse et engagement militant vont de pair : rôle de la jeunesse ouvrière chrétienne en France dans la formation de militants ouvriers (26), engagement des prêtres de la théologie de la libération durant la guérilla sandiniste, ou encore le mouvement Solidarnosc en Pologne.

La religion peut-être une inspiration dans la lutte pour la justice sur terre. La religion c’est tout à la fois Malcolm X et l’Afghanistan, les lefebvristes et la théologie de la libération.

Bien plus le NPA devrait prendre au sérieux la revendication de la libre expression des croyances religieuses. Le NPA est un parti laïque, ce qui signifie que Le NPA n’est soumis soumis à aucun dogme religieux.

Mais cela signifie également que le NPA n’envisage pas non plus de dicter aux militants croyants leur conduite religieuse.

Ce qui ne signifie pas seulement que chacun est libre de ses croyances, mais également que tout militant a la possibilité de pratiquer sa religion comme il l’entend. Nous ne pouvons, en effet, appliquer à la vie du NPA des préceptes différents de ceux que nous revendiquons pour un socialisme du 21e siècle.

Le libre exercice de sa religion fait partie de ces préceptes (27). Ça n’est pas une posture morale ou idéaliste, qui renverrait les conditions matérielle de l’exercice de la religion aux seules conditions offertes par la société. Nous ne disons pas "débrouillez-vous pour pratiquer votre religion". Nous nous efforçons également de prendre en compte les contraintes que cette pratique entraine, afin qu’elles ne soient pas un obstacle aux croyants qui veulent militer au NPA : horaire de réunion, date, etc.

Pour illustrer concrètement : il semble que l’université d’été du NPA tombe cette année en même temps que le Ramadan. Faut-il s’organiser, c’est-à-dire prévoir une restauration en dehors des horaires du service, pour permettre aux militant-e-s musulmans à la fois de faire le Ramadan et de pouvoir participer pleinement à l’université d’été ?

Nous pensons que oui. Malcolm X pourrrait-il aujourd’hui être membre du NPA ?

L’alternative n’est pas "Foulard is good" ou "Foulard is bad", il n’y a pas un Malcolm X derrière chaque musulmane voilée, pas plus qu’il n’y a de militante réactionnaire.

Par contre nous avons clairement besoin de plus de Malcolm X aujourd’hui et le NPA porte une responsabilité dans la formation et l’organisation d’une nouvelle génération militante. _

4. Accepter les filles voilées au NPA, n’est-ce pas affaiblir notre combat contre l’oppression sexiste ?

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Le sous-entendu ici est que le foulard est un symbole de l’oppression de femmes. Cette fois, c’est la démarche qui est surprenante : nous saurions, mieux que les musulmanes elles-mêmes, voilées ou non, ce qu’elles pensent.

Ainsi le foulard islamique aurait une signification universelle que nous seuls serions capables de déceler.

Le problème c’est que ce présupposé fait fi du vécu des musulmanes elles-mêmes. De quelle indignité sont donc frappées les filles voilées pour ne pas avoir le droit de penser pour et par elles-mêmes ? Pour que nous nous octroyions le droit de penser à leur place ?

C’est d’autant plus surprenant que nous revendiquons que "l’émancipation des exploités et des opprimés sera l’œuvre des exploités et des opprimés eux-mêmes". Il ne s’agit pas d’une posture morale. Nous ne voulons émanciper personne contre son gré, pas plus que nous ne luttons à la place de qui que ce soit.

Nous voulons, par contre, contribuer à organiser les exploités et les opprimés pour qu’ils se battent pour eux-mêmes. Nous pensons que l’on ne peut lutter pour le renversement de cette société d’une manière différente de celle dont on veut diriger une société nouvelle : pour nous-mêmes et par nous-mêmes.

Car cette dans cette auto-organisation que nous expérimentons concrètement de nouvelles manières d’être en relation avec les autres, que nous nous changeons nous-mêmes dans le même temps que nous nous coltinons avec la difficulté de changer le monde.

Abandonner ce principe peut être dévastateur. En 1958, en Algérie, l’armée française organisait le dévoilement des filles pour leur bien et au nom de la prétendue civilisation des indigènes opprimés par le joug de l’archaïsme musulman.

Or quand les filles voilées parlent, et qu’on les écoute (28), c’est une toute autre réalité qui surgit.

Il est vrai que certaines femmes sont forcés de porter le voile. Mais on ne peut pas, sous prétexte de lutter contre une injustice, en légitimer une autre ! Contraindre une femme à enlever son foulard est un acte aussi violent que de forcer une autre à le porter quand elle ne l’a pas choisi. On ne peut donc pas dire non plus que le voile est en lui-même un "symbole d’oppression". Moi, mon foulard me libère, et ce qui compte avant tout pour moi, c’est le sens que moi, je lui donne. Pas ce que d’autres projettent sur moi. (...) Ce que le voile signifie vraiment, pour moi, c’est évidemment un acte de foi : je réponds à une recommandation divine. Je pense que c’est une obligation, et je m’y plie. Le sens que j’y mets, c’est que je refuse d’être réduite à un corps : je suis faite aussi d’un esprit, de sentiments, d’une histoire... Porter le voile, c’est donc une invitation à ne pas s’arrêter à mon corps, mais à chercher à comprendre ce que je suis d’autre. Et là-dessus est venue s’ajouter une autre dimension au moment de la loi : porter mon foulard est devenu pour moi un acte de résistance. Ce que je tiens à dire, c’est aussi qu’on peut être une femme émancipée et porter le foulard. Je ne suis pas obligée de rentrer dans le moule pour être féministe. (29)

Les sociologues Françoise Gaspard et Farhad Khosrokhavar définissent plusieurs types de foulard (30) :

- le foulard imposé

- le foulard de la transition (qui permet de concilier son appartenance à une communauté religieuse et traditionnelle et son insertion dans la société moderne)

- et le foulard revendiqué.

Ce voile se veut militant, non pas dans le sens de la politisation et de la revendication d’une identité en rupture avec la société française, mais d’une affirmation de la volonté d’être française et musulmane, moderne et voilée, autonome et habillée à l’islamique. (...) Le voile n’est plus le signe d’une soumission aveugle à la tradition, ni l’expression d’un enfermement dans l’espace de la féminité ancestrale, en retrait sur l’espace public. C’est un voile qui légitime l’extériorisation de la femme et, simultanément, donne un sens moral à sa vie, en l’absence de solution de rechange dans une société française où n’existe plus d’entreprise collective d’instauration du sens. Ce type de voile reflète la volonté d’auto-affirmation non seulement face aux parents, mais aussi vis-à-vis de la société française qui refoule, au nom de l’universel, toute forme trop particulariste d’affirmation de soi tout en infériorisant ceux qui arrivent d’ailleurs. Contre le racisme qui leur dénie la dignité, elles se dotent d’une identité voilée qui, là aussi, prend au mot la différence dont on les stigmatise.

La représentation selon laquelle les jeunes femmes seraient "voilées" contre leur volonté par des "barbus", à l’injonction de groupes extrémistes, est extrêmement réductrice : (...) Peut-on assimiler ce geste à une "aliénation" ? (...) S’il est vrai que pour pour un certain nombre de femmes, le devoir de porter le foulard s’inscrit dans une doctrine d’ensemble manifestement sexiste, (...), il n’en est pas moins vrai que nombre de femmes portant le foulard s’opposent à l’obéissance au mari, à l’enfermement dans la sphère domestique et aux mariages forcés – et elles le font, pour certaines d’entre elles, à l’aide du foulard, en invoquant la soumission à Dieu contre la soumission au mari, au père de famille ou à la tradition. (31)

Le foulard islamique est donc fondamentalement polysémique et paradoxalement, il peut être un moyen d’émancipation.

Quels semblent être les points de convergence des différents témoignages ?

Tout d’abord, les musulmanes française sont des femmes (!) et ont les mêmes ambitions que les autres : être reconnues comme telles, trouver leur place au niveau social et professionnel, s’engager plus loin dans la société à travers la politique par exemple, si elles sont croyantes pouvoir pratiquer leur religion comme elle l’entendent, devenir mères, ou tout ça en même temps.

Ensuite pour l’immense majorité, le port du foulard est un choix personnel aux raisons multiples : reproduction de la tradition familiale, mise en accord de sa pratique religieuse avec sa foi, réappropriation de son propre corps en réaction à l’hypersexualisation et à la marchandisation du corps des femmes, retournement du stigmate (32) en un "poing levé" envoyé à la face d’une société raciste.

Enfin, toutes témoignent de la difficulté d’avoir à justifier leur foulard. À la fois car elles estiment que cette question relève de leur intimité, mais surtout par lassitude de recevoir le message qu’elles sont étrangères alors qu’elle revendiquent leur citoyenneté française et leur attachement à la République et ses valeurs.

À partir de là, réduire la polysémie du foulard, en France, à un symbole d’oppression, c’est tirer un trait sur toutes ces situations, c’est réduire les filles à n’être que leur foulard en leur déniant la possibilité d’avoir les mêmes préoccupations que les autres femmes, musulmanes ou non, voilées ou non (33).

Ensuite, tirer un trait d’égalité entre la lutte contre l’imposition du foulard en France et en Iran relève de la malhonnêteté intellectuelle (34).

Cette essentialisation participe à construire UN islam mythique quand il y a DES musulmans, aussi divers socialement que religieusement.

Réduire le foulard à un symbole d’oppression a enfin pour conséquence d’affaiblir la lutte antisexiste.

Dans quelle est-ce une aliénation si il n’est pas perçu / vécu comme telle ?

S’accrocher à cette vision risque de nous détourner de l’essentiel. Combattre au nom des filles voilées, aliénées malgré elles, le foulard comme symbole, au lieu de combattre avec les filles voilées contre le sexisme.

Au finale, loin de tolérer l’oppression des femmes, accepter les filles voilées au NPA c’est montrer que nous ne trions pas parmi les opprimées entre celles qui mériteraient de lutter avec nous contre l’oppression et les autres.

Et ce, même si leurs motivations peuvent nous apparaître "inhabituelles". Il n’y a pas de "bonnes manières" pour revendiquer ses droits, il y a le préalable de l’engagement commun sur le terrain de la lutte contre l’oppression sexiste et ensuite les discussions d’ordre stratégique dans le cadre de cette lutte.

Bien plus, nous renforcerons la lutte antisexiste car nous montrerons que nous sommes en mesure d’articuler, dans le même temps, la lutte contre le racisme dont les musulmanes sont l’objet.

Nous montrerons que nous n’opposons pas la lutte antisexiste et la lutte antiraciste.

Nous renverrons l’image d’un parti irréductiblement du côtés des opprimés quels / quelles qu’ils / elles soient. Un parti qui ne lutte pas contre les opprimé-e-s, mais avec les opprimé-e-s contre l’oppression.

Un parti qui soit un outil pour les musulmanes, voilées ou non, qui veulent s’organiser pour lutter contre le sexisme et le racisme qu’elles subissent.

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5. Accepter les filles voilées au NPA n’est-ce pas, plus spécifiquement, affaiblir notre lutte pour le droit à l’avortement ?

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L’interdiction de l’avortement serait une prescription du Coran, une musulmane voilées porterait donc sur elle son opposition à l’avortement.

Soulignons que nous retrouvons ici l’idée que l’Islam est caractérisée par un sexisme "autre" que le sexisme en général.

Mais davantage que les textes religieux, dont l’étude est sûrement très intéressante au demeurant, c’est la réalité qui devrait attirer l’attention des camarades qui se posent cette question.

D’où viennent les attaques contre l’avortement ?

- De groupes d’extrême-droite, catholiques intégristes.

- De récents décret (août 2008, veille du voyage du Pape en France) permettant de déclarer un fœtus mort-né (avant le terme de 22 semaines de grossesse, ou avec un poids inférieur à 500 grammes), décrets remettant insidieusement en cause l’avortement au nom du nécessaire travail de deuil.

- Des suppressions de lits consacrés aux avortements dans les hôpitaux.

- De la baisse de 42 % de la subvention au planning familial. Plus généralement du manque de moyens.

- De la stigmatisation qui continue de peser sur les filles qui avortent.

Par ailleurs, en Europe, l’avortement reste illégal en Irlande et en Pologne qui ne sont pas des pays où l’Islam est religion d’État, ou au moins majoritaire.

En clair des attaques qui ne proviennent pas des musulmans.

Plus loin, ce qui menace les droits des femmes aujourd’hui, ça n’est pas le foulard ou les musulman-e-s mais le sexisme en général qui structure la société.

On peut citer "en vrac" :

- 50 000 viols annuels contre seulement quelques centaines de condamnations.

- 80 % des emplois à temps partiel sont occupés par des femmes.

- À emploi équivalent, les femmes gagnent en moyenne 20 % de moins que les hommes.

- Un peu plus de 10 % des députés sont des femmes.

- L’éducation des enfants et les tâches ménagères incombent encore à plus de 90 % aux femmes, etc.

Questions qui n’ont pas été particulièrement mises en valeurs durant notre campagne aux Européennes.

Dans un deuxième temps, il faut bien distinguer ce qui relève d’une position individuelle / personnelle et ce qui relève de la lutte collective / publique pour le libre-choix.

Peu importe finalement qu’une pratique nous plaise ou pas, heurte ou pas nos convictions, que ce soit le port du foulard ou le recours à l’avortement. Il y a quelque chose de plus important, et qui nous unit, qui est le droit de choisir. (35)

Nous ne conditionnons pas notre soutien à Heloísa Helena (36), au Brésil ou à Hugo Chávez (37), au Venezuela à leur position personnelle sur l’avortement, et heureusement !

Enfin les chemins de la radicalisation politique sont divers et contradictoires, entre conservations de préjugés et socialisation à des idées nouvelles.

Le militantisme commun, au sein d’un même parti, reste le meilleur moyen de favoriser l’adoption des secondes au détriment des premiers.

Du point de vue de la lutte antisexiste, l’enjeu n’est pas que Nadia change d’avis sur l’avortement quel qu’il soit, mais d’arriver à la convaincre de l’importance de son implication dans cette lutte.

Ce qui suppose deux choses :

- que Nadia milite avec nous.

- Et que l’on soit tous convaincus que l’implication de musulmanes voilées fait avancer la lutte antisexiste.

Prenons la question à l’envers :

les camarades pensent-il vraiment que refuser à une fille voilée de militer au NPA fera avancer d’un iota la lutte pour le droit à l’avortement ?

Au contraire, accepter les filles voilées ne pourra que renforcer la lutte pour les droits des femmes en général.

Pourquoi les musulman-e-s voilées seraient-elles indignes de faire leur le slogan "Mon corps m’appartient" ?

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6. Accepter les filles voilées au NPA, ne va-t-il pas affaiblir notre lutte contre la LGBTI phobie ?

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Autrement dit : quelle image allons-nous renvoyer aux LGBTI ?

Même point de départ que la question précédente :

l’homosexualité serait proscrite par l’Islam donc...

Traduction concrète dans la situation qui nous occupe : "Mais que va faire Nadia pour la gaypride ?".

Nous ne nous attarderons pas sur le fait que certain-e-s militant-e-s du NPA, non musulman-e-s, ont peut-être besoin d’être convaincus de l’enjeu de notre participation, ni sur la faible place accordée à la LGBTI phobie dans notre campagne aux Européennes.

D’où proviennent les attaques contre les homosexuels ? Majoritairement de groupes fascisants.

Signalons également que le déclassement de la liste des maladies mentales de l’OMS de l’homosexualité date de 1992. Cette liste n’est pas tenue par un groupuscule musulman.

En France la transsexualité n’est plus considérée comme une maladie mentale seulement depuis mai 2009 !

En fait cette question repose sur un sous-entendu subtil : il est impossible d’être musulman-e ET LGBTI.

Autrement dit cette question n’a de sens que si l’on considère que les musulman-e-s et les homosexuels constituent deux populations bien séparées : les musulmans ne peuvent être victimes de LGBTI phobie et les LGBTI ne peuvent être victimes de racisme du fait de leur appartenance religieuse.

Le problème de cette conception, c’est qu’elle tend à isoler les oppressions les unes des autres.

En réalité il y a une articulation entre différentes oppressions qui, chacune sur la base de critères différents (le genre, l’appartenance religieuse ou l’orientation sexuelle), construisent autant de positions dominées (38) et se nourrissent les une des autres.

À partir de là, il est possible d’être "doublement" ou même "triplement" opprimé.

Et dans ce cas chaque oppression est modifiée par la combinaison avec les autres : l’oppression homophobe et / ou sexiste d’une musulmane n’est pas équivalente à l’oppression des LGBTI et / ou des femmes qui ne seraient pas victime du racisme par ailleurs.

Nous sommes confronté à une combinaison des oppressions et non pas à une simple juxtaposition.

À partir de là il serait largement préjudiciable à la lutte de penser les oppressions comme étanches les unes aux autres.

Pour une femme victime de racisme, la lutte antisexiste sera indissociable de la lutte antiraciste. C’est exactement la configuration dans laquelle sont les musulmanes qui revendiquent leur place pleine et entière dans la société, en tant que françaises ET musulmanes.

Elle se retrouvent confrontées à deux injonctions simultanées : "Retourne dans ta cuisine" et "Retourne dans ton pays". (39)

C’est ainsi, sur la base d’une réaction à l’oppression raciste dont elles sont victimes, que des filles voilées luttent pour des droits équivalent à ceux des hommes (40).

Isoler les oppressions l’une de l’autre conduit à affaiblir la lutte contre l’une ET la lutte contre l’autre.

Refuser à une fille voilée d’être militante du NPA ne peut qu’affaiblir la lutte contre ces oppressions quelles qu’elles soient.

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7. Accepter les filles voilées au NPA, n’est-ce pas favoriser notre implantation dans les quartiers ?

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Oui, reconnaissent certains camarades mais... la mosquée n’est pas la seule "porte d’entrée" dans les quartiers.

Ne reproduisons pas "l’ethnicisation" que nous reprochons à nos ennemis. Les quartiers ne sont pas habités QUE par des musulman-e-s et les musulman-e-s ne sont pas TOUS les quartiers. Nous voulons des militants laïcs implantés dans les quartiers. Certes.

La question n’est pas là et il ne s’agit en aucun cas de considérer la religion comme une "porte d’entrée" dans les quartiers.

Mais on ne peut assimiler la situation des musulman-e-s dans un pays où l’Islam est la religion d’État avec celle de pays où l’Islam est la religion, minoritaire, des ex-colonisés.

Or en France, les musulmans subissent une oppression spécifiques du fait de leur religion.

Reconnait-on qu’il faut lutter contre cette oppression et qu’il faut donc faire un travail en direction des musulmans qui subissent des attaques racistes (la dernière en date étant la loi sur le port du foulard à l’école en 2003, la prochaine en préparation celle sur le port de la burqa).

À partir de là, il s’agit de considérer que les quartiers sont tous simplement habités AUSSI par des musulmans et que les mosquées sont AUSSI des lieux privilégiés de notre intervention militante.

Quel serait le signal renvoyé par le refus d’intégrer les musulman-e-s voilées au NPA ?

Il serait très certainement catastrophique : "Tu enlèves ton foulard et tu rentres au NPA, à l’inverse, si tu gardes ton foulard, je crois que ça va pas être possible".

Les informations circulent vite et la politique a horreur du vide : que les musulman-e-s se disent que "le NPA ça n’est pour nous", et d’autres capitaliseront ce que nous échouerons à organiser.

Les racistes notoires, tout d’abord, qui savent manier le clientélisme :

Frêche à Montpellier, mais également Sarkozy toujours prompt à se faire passer pour l’ami des musulmans (41).

Une nouvelle extrême-droite, ensuite, avec laquelle nous pouvons nous retrouver en compétition. Lors des dernières élections européennes, le Parti Anti-Sionniste (PAS) de Dieudonné, qui se décrit comme "concurrent direct" du NPA (42), fait jeu égal avec, voire dépasse, le NPA dans certains départements et certains quartiers :

- La Courneuve : NPA : 4,64% / PAS 4,31% ;

- Saint-Denis : NPA 3,64% / PAS 4,94% ;

- Clichy-sous-Bois : NPA 5,87% / PAS 5,18% ;

- Gennevilliers : NPA 6,36% / PAS 6,35%, etc.

Ce serait une erreur fondamentale pour le NPA, et désastreux pour certains quartiers, de donner à la population musulmane de ces quartiers, comme seule et unique réponse, le parti raciste qu’est le Parti Anti Sionniste.

D’autant que notre attractivité n’a rien d’une évidence.

Le rapport qu’entretient la gauche avec les descendants d’ex-colonisés est teinté d’ambigüité. Les tentatives d’organisation autonome des descendants d’ex-colonisé ont toujours été considérées avec méfiance, voir dénoncées, par la gauche : de la marche des beurs en 1983, récupérée par le PS et vidée de son contenu par la création de SOS-racisme, à l’appel des Indigènes de la République, critiqué pour son communautarisme.

L’idée que les opprimés feraient toujours mieux valoir leurs droits en étant discrets (reproche qui avait été fait au mouvement gay), que l’intégration à la société française se ferait d’autant mieux que les musulman-e-s feraient "profil bas", c’est-à-dire mettraient de côté leur référence religieuse pour montrer leur "bonne volonté" d’intégration, à fait long feu (43), et c’est tant mieux.

Si nous refusons d’accepter ces filles voilées, quel message leur fait-on passer, quel choix leur donne-t-on ?

Le sionisme, minoritaire parmi les juifs d’Europe au 19e s’est construit aussi sur l’échec de la gauche à organiser la riposte contre l’antisémitisme qui se développait à cette époque (voir l’affaire Dreyfus et les débats dans la gauche).

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8. Cela vaut-il la peine de s’écharper pour "quelques fichus" ?

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Le plus troublant dans cette situation c’est que Nadia aurait été très certainement accueillie avec enthousiasme comme symbole de la diversité du recrutement du parti, sans même se questionner sur ses positions vis-à-vis de l’homosexualité et / ou de l’avortement,... si elle n’avait pas été voilée.

Étonnant, non ?

Ce qui à nous, rédacteurs-trices de cette contribution, pose problème c’est justement la gêne et les questions que cette visibilité suscite.

Elle montre à quelle point nous avons pu intérioriser des préjugés de type racialiste, liés à l’islam (44).

Cela ne doit pas nous surprendre, même si l’on peut le regretter. Nous sommes matérialistes, et il y aurait une contradiction à considérer que "les idées dominantes d’une époque n’ont jamais été que les idées de la classe dominante" (45), tant en étant, individuellement, imperméables à la pression idéologique du capitalisme et de ses idées racistes, LGBTI phobes et sexistes (46).

De manière générale, vivre dans un pays impérialiste n’est pas sans conséquence sur la construction de la conscience individuelle.

S’organiser collectivement est aussi le moyen d’organiser la résistance contre et l’attaque de cette pression idéologique.

Il ne doit pas y avoir de préalable à l’intégration de Nadia au NPA.

Pas plus la déconstruction / reconstruction d’un certain nombre de nos conceptions, que l’éclaircissement avec elle de certaines questions dont la légitimité est contestable.

Nous sommes donc contre demander à Nadia des gages que l’on ne demande à personne d’autre.

Nous sommes opposés à l’idée qu’elle devrait subir un traitement différencié : l’accepter tout en lui faisant comprendre, par la particularité de son processus d’intégration que son foulard pose problème (47).

Nadia doit pouvoir militer dès maintenant avec nous.

Que les militants inquiets sur l’image donnée du parti se rassurent, l’engagement commun dans les luttes tranchera.

Ou bien Nadia constatera que les désaccords avec nous sont trop importants et elle partira, ou bien nous prenons l’initiative de l’exclure si la question devait se poser.

Cette procédure, commune à tous les militants, permet de motiver les désaccords concrètement, sur la base de pratiques militantes et de positions prises publiquement qui seraient en contradiction avec les pratiques et principes du NPA (48).

Cela nous apparaît comme un position politique autrement plus saine et claire que celle de la suspicion que laisse planer un filtrage à l’entrée.

Rappelons, quand même, qu’il n’y aucune raison de se focaliser sur les désaccords potentiels quand avec tous les autres "nouveaux", c’est un accord d’ordre général avec nous que nous supposons...

Mais le débat que nous avons dépasse la "simple" question du militantisme d’une fille voilée au NPA et relève de notre capacité à réagir contre le poison du racisme.

En effet, la question de l’Islam a bizarrement ressurgi en France ces dernières semaines.

Le "storytelling" est de nouveau en marche : après avoir focalisé sur "l’immigration clandestine" avec M. Besson à Calais, après le thème de "l’insécurité" développé durant la campagne des Européennes, nous avons, maintenant, le droit à une nouvelle affaire du voile (cette fois, c’est la burqa à la place du hidjab (49), sur fond de tension internationale, l’Iran et M. Ahmadinedjad à la place de Ben Laden et de l’Afghanistan (50).

La machine à fabriquer des histoires et à formater les esprits est relancée.

La probable proposition d’une loi sur le port de la burqa, à l’automne 2009, pourrait bien, de nouveau, faire perdre la raison à la gauche radicale.

Revoilà la conversion féministe de haute volée de la part du gouvernement (Fadela Amara déclare, Darcos rajoute et Sarkozy décide).

Revoilà le droit des femmes instrumentalisé au profit d’une loi raciste.

Revoilà le barbu "voileur" de femmes.

Et revoilà les alliances "contre-nature" droite / extrême-gauche des plus consternantes (51).

Alors à qui profite le crime ?

Allons-nous tomber dans le piège tendu ?

Dans un contexte de "renouveau" des luttes sociales et de radicalisation, la mobilisation du racisme anti-musulman est clairement une stratégie, qui s’est révélée efficace jusque là, pour diviser ceux que la lutte contre le capitalisme devrait unir. Cette unité est pour nous un objectif stratégique, et articuler, sans concession, la lutte contre toutes les oppressions est indispensable pour gagner cette unité.

Pour cette raison nous pensons également qu’il n’est pas suffisant de "discuter ensemble".

L’intégration des musulmanes voilées au NPA doit être l’occasion d’un militantisme commun, mais également du développement des formations, des topos dans les réunions de comités et des articles dans Motivé-e-s ainsi que dans TOUT est à nous ! sur la question de la religion, du racisme, du sexisme, etc.

Mehdi, Silvi, Valérie, Vincent, William V.

Notes :

1. Pour précision, nous ne sommes en rien une exception. Au moins deux filles voilées militent déjà au NPA, une est trésorière d’un comité à Avignon, la seconde milite dans une comité parisien.

2. Textes fondateurs du NPA, février 2009, p.13.

3. Nadia s’est fait insulter ("chienne du NPA"), à la sortie de la mosquée, la semaine suivant les diffusion à la paillade.

4. Alain Gresh, L’islam, la République et le monde, Fayard, 2004.

5. Il suffit de noter que c’est la visibilité du foulard des filles qui pose problème et non celui des mères pour voir à quel point il s’agit bien d’une construction.

6. Alain Gresh, op. cit.

7. Christine Delphy, "Antisexisme ou antiracisme ? Un faux dilemme", dans Classer, dominer. Qui sont les "autres" ?, La Fabrique, 2008. Les citations sont extraites de cet article.

8. Pierre Bourdieu montre bien comment la jupe n’es pas seulement un vêtement dont le but est la séduction du mâle mais vise également à imposer une discipline au corps féminin. Voir Pierre Bourdieu, La Domination masculine, Seuil, 1998.

9. Christine Delphy, "Antisexisme ou antiracisme ?" ... », op. cit., pp. 180-181.

10. Houria Bouteldja, Catherine Grupper, Laurent Lévy et Pierre Tévanian, « "Une nouvelle affaire Dreyfus", dans Charlotte Nordmann (dir.), Le Foulard islamique en question, Éditions Amsterdam, 2004.

11. Todd Shepard, "La ’bataille du voile’ pendant la guerre d’Algérie", ibidem.

12. Voir Pierre Tévanian, Le Racisme républicain, L’esprit frappeur, 2002.

13 Alain Gresh, op. cit., p. 19.

14. Saïd Bouamama, "Ethnicisation et construction idéologique d’un bouc émissaire", dans Charlotte Nordmann (dir.), Le Foulard islamique en question, op. cit., pp. 38-39.

15. Voir Vincent Geisser, La Nouvelle Islamophobie, La Découverte, 2003.

8. Pierre Bourdieu montre bien comment la jupe n’es pas seulement un vêtement dont le but est la séduction du mâle mais vise également à imposer une discipline au corps féminin. Voir Pierre Bourdieu, La Domination masculine, Seuil, 1998.

9. Christine Delphy, "Antisexisme ou antiracisme ?" ... », op. cit., pp. 180-181.

10. Houria Bouteldja, Catherine Grupper, Laurent Lévy et Pierre Tévanian, « "Une nouvelle affaire Dreyfus", dans Charlotte Nordmann (dir.), Le Foulard islamique en question, Éditions Amsterdam, 2004.

11. Todd Shepard, "La ’bataille du voile’ pendant la guerre d’Algérie", ibidem.

12. Voir Pierre Tévanian, Le Racisme républicain, L’esprit frappeur, 2002.

13 Alain Gresh, op. cit., p. 19.

14. Saïd Bouamama, "Ethnicisation et construction idéologique d’un bouc émissaire", dans Charlotte Nordmann (dir.), Le Foulard islamique en question, op. cit., pp. 38-39.

15. Voir Vincent Geisser, La Nouvelle Islamophobie, La Découverte, 2003. Ainsi, Claude Imbert, éditorialiste au Figaro et membre du Haut conseil à l’intégration, déclarait-il sur LCI en octobre 2003 : "Il faut être honnête. Moi, je suis un peu islamophobe. Cela ne me gêne pas de le dire. (...) j’ai le droit, je ne suis pas le seul dans ce pays à penser que l’islam - je dis bien l’islam, je ne parle même pas des islamistes -, en tant que religion, apporte une débilité d’archaïsmes divers, apporte une manière de considérer la femme, de déclasser régulièrement la femme" et "en plus un souci de supplanter la loi des États par la loi du Coran, qui en effet me rend islamophobe".

http://www.acrimed.org/article1315....

16. Saïd Bouamama, "Ethnicisation et construction idéologique... ", op. cit.

17. Voir Xavier Ternisien, La France des Mosquées, Poche 10/18, 2004.

18. Dans Les mosquées de Roissy, Albin Michel, 2006, Philippe de Villiers dénonçait un soit-disant "complot islamiste".

19. Si cette affirmation peut paraître extravagante, certain-e-s sont allées plus loin en faisant des filles voilées des complice des violeurs, car il permet d’identifier les "violables" (les filles qui ne portent pas le foulard) des autres, voir Chahdortt Djavann, Bas les voiles !, Gallimard, 2003. Dans cet ouvrage, l’auteure, iranienne, vivant à Paris, témoigne de son port forcé du voile durant une dizaine d’années, en Iran.

20. Dounia Bouzar et Saïda Kada, L’une voilée, l’autre pas. Le témoignage de deux musulmanes françaises, Albin Michel, 2003.

21. Friedrich Engels, Contributions à l’histoire du christianisme primitif, 1894 ; disponible à l’adresse : http://www.marxists.org/francais/ma...

22. Karl Marx, Friedrich Engels, Le Manifeste du parti communiste, 1848, p. 13, disponible à l’adresse :

http://www.marxists.org/francais/ma...

23. Karl Marx, Introduction à la contribution à la critique de la philosophie du droit de Hegel, 1843. disponible à l’adresse :

http://www.marxists.org/francais/ma...

24. En 1956, le PCF et la SFIO votaient l’envoi du contingent en Algérie.

25. Alain Gresh, L’islam, la République...,op. cit., p. 15.

26 Voir la bande dessinée d’Étienne Davodeau, Les Mauvaises Gens. Une histoire de militants, Delcourt, 2006.

27. "Le socialisme implique la fin de toutes les oppressions, de tout racisme et de toute discrimination ; le respect des cultures, des langues, des orientations sexuelles, des opinions philosophiques, religieuses, de la laïcité des administrations et pouvoirs publics", Textes fondateurs du NPA, février 2009, pp.6-7.

28. Aucune n’a été auditionnée par la commission Stasi chargé de rendre des recommandations quant-à la loi sur le port du foulard à l’école en 2003.

29. Témoignage de Khadija, 21 ans, dans Ismahane Chouder, Malika Latrèche, Pierre Tevanian, Les filles voilées parlent, La Fabrique, 2008, pp. 278-279.

30. Françoise Gaspard et Farid Khosrokhavar, Le Foulard et la République, La Découverte, 1995.

31. Charlotte Nordmann (dir.), Le Foulard islamique en question, op. cit., pp. 171-172.

32. Voir Ervin Goffman, Stigmate. Les usages sociaux des handicaps, Minuit, 1975.

33. La manière dont est relaté le mail de Nadia, "elle cite le Coran", relève de la même réduction / essentialisation de son propos à sa religion. Sont passés sous silence : la mention de son vécu en tant que citoyenne de seconde zone alors qu’elle est française, la stigmatisation de l’Islam, le fait que la religion est du domaine des choix personnels, le choix du boycott comme réaction à la politique israélienne, sa mise en cause du soutien de l’UE à un Etat qui ne respectent pas le droit international, ses commentaires sur la relocalisation de l’économie comme solution possible à la crise, son attrait pour le NPA du fait de la position de Besancenot sur la Palestine.

34. S’il y a une analogie c’est entre la reconnaissance du droit à porter le foulard en France et contre son imposition en Iran. En clair il s’agit d’une lutte pour le libre choix.

35. Témoignage de Cécilia Baeza, présidente du Collectif des féministes pour l’égalité (CFPE), dans Ismahane Chouder, Malika Latrèche, Pierre Tevanian, Les filles voilées parlent, La fabrique, 2008, p. 310. Le récit de la préparation des manifestations pour le trentenaire de la loi Veil est particulièrement instructif sur la dialectique entre activisme commun de militantes venant d’horizons divers et discussions, voir pp. 308-324.

36. Porte-parole du PSOL, équivalent du NPA au Brésil, elle va prier à l’église avant chaque meeting. Elle est adhérente de la IVe Internationale (trotskyste). Voici comment elle décrit son rapport à la religion : "Je suis œcuménique par nature. J’ai des amis de diverses religions, je respecte toutes les tribus, je suis catholique. Je vais toujours à l’église. J’ai beaucoup d’amis à l’intérieur qui sont prêtres. La semaine passée, je suis allée quatre fois à la messe dans une seule ville, aidant dans la célébration. J’ai retrouvé la foi il y a des années, par la douleur, et je suis tout à fait convaincue. Mon expérience religieuse est avec le camarade qui est là-haut dans les cieux, et qui m’a donné beaucoup de preuves d’amour dans les moments difficiles que j’ai traversés durant ma vie" (interview dans Inprecor, n° 489-490, 2004

http://www.inprecor.org/489-490/Bre...

37. "Le Christ est l’un des plus grands révolutionnaires qui soient nés sur la Terre. Le vrai Christ n’est pas celui que certains secteurs de l’Église catholique manipulent. Le Christ était un vrai révolutionnaire socialiste", discours d’investiture, janvier 2007.

http://www.risal.collectifs.net/spi...

38. Voir Christine Delphy, "Antisexisme ou antiracisme...", op. cit.

39. Ismahane Chouder, Malika Latrèche, Pierre Tevanian, Les filles voilées parlent..., op. cit.

40. Dounia Bouzar et Saïda Kada, L’une voilée, l’autre pas, Albin Michel, 2003.

41. "En France une jeune fille qui veut porter le voile peut le faire. C’est sa liberté", a assuré le Président français, estimant que la France y mettait "deux limites, parce que nous sommes un État laïc". "La première, c’est qu’au guichet des administrations, les fonctionnaires ne doivent pas avoir de signe visible de leur appartenance religieuse", a poursuivi le Président. La "deuxième réserve" vise à s’assurer que la décision de porter le voile émane du "libre choix" des jeunes filles musulmanes, et ne soit pas imposé" par leur famille ou par leur entourage". Car la France est un pays "où l’on respecte la femme". M. Sarkozy a affirmé avoir beaucoup fait lorsqu’il était ministre de l’Intérieur "pour que les musulmans puissent vivre leur foi comme n’importe quelle religion". (Extrait d’un article d’Arnaud Leparmentier, "Sarkozy se dit ’d’accord’ avec Obama’ sur la liberté du port du voile islamique", Le Monde, 6 juin 2009.

42. Le comité de soutien de cette liste, animé par Alain Soral, transfuge du FN, est organisé autour du journal Flash, dans lequel écrit notamment Bruno Gollnisch.

voir :

- http://www.flashmagazine.fr/numeros.html

- le site de Alain Soral :

http://www.alainsoral.com/.

La liste "antisioniste" revendique également les références à Hugo Chávez, Evo Morales ou Mahmoud Ahmaninedjad ...

voir le site : http://www.listeantisioniste.com/.

43. Dounia Bouzar et Saïda Kada, L’une voilée, l’autre pas..., op. cit..com/.

44. Nacira Guénif-Souilamas, "La Française voilée, la beurette, le garçon arabe et le musulman laïc. Les figures assignées du racisme vertueux", dans Nacira Guénif-Souilamas (dir.), La République mise à nue par son immigration, La Fabrique, 2006.

45. Karl Marx, Friedrich Engels, Le Manifeste..., p. 20.

46. De ce point de vue, nous savons faire preuve d’humilité puisque la possibilité de réunions non mixtes au sein du parti témoigne de la prise en considération de la persistance, parmi nous, de comportements sexistes.

47. Soyons clairs, nous ne sommes pas contre une demande de garanties a priori. Les demandes d’adhésion d’un-e flic, d’un-e militaire, d’un-e maton-ne, d’un-e ancien-ne militant-e d’une organisation ayant prise des positions hostiles au NPA, d’un-e militant-e syndicale appartenant par ailleurs à une association prenant publiquement des positions sexistes, racistes et / ou LGBTI phobe donnerait lieu à une formalisation particulière de l’intégration au NPA.

48. "Le comité peut procéder à une éventuelle radiation du parti, dans des cas exceptionnels à définir et à encadrer (violence, sexisme, racisme, LGBTI phobie...). La procédure de radiation doit être encadrée afin de préserver les droits de la défense : information du militant des faits qui lui sont reprochés par écrit avant la réunion où doit être voté la radiation ; possibilité de se faire assister par un autre membre du NPA ; vote de la radiation à une majorité des deux tiers.", Textes fondateurs du NPA, p. 13.

49. Il ne saurait être question de faire de distinction entre une taille qui serait acceptable et une autre qui ne le serait pas. À moins de réduire le foulard à un symbole d’oppression, d’aller mesurer l’oppression en question avec un mètre et d’en déduire qu’il y a une "taille d’oppression" acceptable... et accessoirement distinguer les "bons" et les "mauvais" musulmans.

50. On pourra noter, moins médiatisées :

- la procédure disciplinaire en cours contre Vincent Geisser, chercheur au CNRS et qui ne semble par avoir étudié l’Islam d’une manière qui convienne au ministère de l’Intérieur. Voir le site

http://petition.liberteintellectuel...

- et l’annulation de l’allocation de recherche d’une doctorante voilée de la fac du Mirail à Toulouse, voir le site http://www.soutien-sabrina.org/spip/

51. Pour moi, la burqa, c’est vraiment la marque de l’oppression de la femme et si je suis contre, absolument opposé au port de la burqa, c’est pas au nom de la laïcité, c’est pas parce que ce serait un signe religieux trop voyant. Pas du tout. C’est parce que c’est vraiment l’enfermement de la femme, c’est même pas le symbole de l’enfermement, c’est l’enfermement tout court. Et ce sont des femmes à qui on prive finalement le droit d’exister dans l’espace public. Elle n’ont droit d’exister que sous les yeux de leur mari, de leur père ou de leur frère, donc c’est une oppression, bien sûr, que je dénonce comme d’autres oppressions, comme les mariages forcés, comme les mutilations de femmes.

Pierre Weil : Donc vous souhaitez une loi qui interdirait le port de la burqa ?

Moi je pense qu’il faut combattre ça, une loi ne résout pas tout, et ça on le sait très bien mais pourquoi pas. En tout cas Fadela Amara sait de quoi elle parle [elle a comparé la burqa à un cercueil] et quand elle parle de l’oppression des femmes, je crois qu’elle peut bien nous en parler, déclarait Nathalie Arthaud (porte-parole de LO) qui réagissait à la proposition du député PCF, André Gérin, d’une commission d’enquête parlementaire sur le port de la burqa en France, avec l’objectif de légiférer à la rentrée. Elle se retrouvait en accord avec Patrick Ollier (député-maire UMP) et Franz-Olivier Giesbert (directeur de l’hebdomadaire Le Point), les deux autres invités de Le téléphone sonne de la semaine, France Inter, vendredi 19 juin 2009.

Franz-Olivier Giesbert (!) nuançait néanmoins sa position en disant qu’il préférait le dialogue à la loi qui contribuerait à exclure les femmes de l’espace public en les cantonnant chez elles, ce qui serait, au finale, contraire à l’objectif affiché d’une loi.


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Votre site a etait pirater par Walter , veuillez corriger celà .
Divulguer de fausses informations est punis par la loi
Mais cette fois ci , Walter s'en est occuper .



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